Violence au travail : bris de confiance et de respect.
Dernière mise à jour : 9 sept.

Au courant des dernières semaines, j'ai vécu quelques expériences troublantes au travail. Je fais présentement une maîtrise en philosophie - éthique appliquée et je cherche à me spécialiser dans l'éthique organisationnelle et la violence au travail. Mon intention en rédigeant ce blogue n'est pas de condamner les personnes impliquées car ils font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils sont, mais de montrer comment la violence s'immisce dans tous les aspects de notre vie au travail.
Dans une rencontre d'équipe, un supérieur m'a fait une menace, comme s'il s'adressait à un enfant. Lorsque je lui ai mentionné que la menace n'avait pas sa place dans un milieu de travail, il m'a rejeté le blâme en me disant que j'étais difficile à parler et, par la bande, il en a profité pour me reprocher mon manque de posture professionnelle. Je me suis excusée de la chose et je lui ai dis que je ferais mieux la prochaine fois. Toutefois, il y a eu une absence complète de reconnaissance de sa part et je suis devenue responsable de sa menace.
Dans une autre rencontre d'équipe, ayant plus de participants cette fois-là, un autre supérieur martelait sa vision alors qu'elle était très éloignée de ce que je faisais sur le terrain. Il y avait donc une discordance importante entre sa vision et le travail actuellement fait. J'ai tenté de lui faire voir ma vision pour savoir quoi faire - maintenir mon approche ou tout arrêter et m'arrimer avec la sienne. J'ai l'impression que mon intervention a été perçue comme une confrontation, mais toujours est-il qu'après quelques aller retour d'échange infructueux, cette personne a haussé le ton et en tapant sur la table avec ses deux mains, a coupé court à tout dialogue, toute négociation et elle a assis son pouvoir unilatéralement.
Ces interactions ont eu pour effet de diminuer le sentiment de confiance envers mes supérieurs en plus de diminuer mon respect pour eux.
Je vois les relations interpersonnelles comme un triangle équilatéral. Dans cette forme géométrique, chaque côté a une longueur égale et l'angle entre chaque côté est de 60°. C'est donc dire que l'équilibre repose sur la symétrie ou l'égalité de éléments composants cette forme. Transposant cela dans une relation, tous les éléments composants cette forme sont égales en importance. Je crois qu'à la base du triangle se trouve le respect et la confiance. Sans ces deux composantes, il n'y a pas de relation. Cela signifie que l'appréciation ou l'amour est secondaires à ces deux éléments. L'amour, sous toutes ses formes, repose sur le respect et la confiance qui ne sont pas de nature sentimentale ou émotionnelle, mais établit par des faits et des preuves. Ces deux éléments se développent et s'acquièrent.
Ainsi, tous les deux sont les fondements d'une relation, peu importe sa nature. Ils se bâtissent au fils des interactions positives donc au fils du temps. Cela signifie aussi que tous les deux peuvent se perdent - souvent plus facilement qu'ils ne se gagnent. Une fois perdue, ils sont également difficile à regagner. Alors que faire lorsque ce fragile lien de confiance et de respect est brisé dans une relation ?
La première chose sera de le dire à la personne concernée. Par exemple, vous pourriez dire « Ma confiance envers toi est ébranlée, j'ai besoin d'espace pour réfléchir à la suite des choses ». Que cette personne soit réceptive ou non à ce que vous dites, n'invalide pas les faits. Leur réaction sera un reflet de qui ils sont - leur ouverture, leur sensibilité et leur empathie - et ce qu'ils pensent réellement de vous. Rejeter le blâme sur quelqu'un pour sa propre réaction est une violence psychologique. Personne n'est responsable de vos réactions et vous n'êtes pas responsable de la réaction d'autrui. Pensez le contraire démontre une forme d'immaturité émotionnelle.
La deuxième chose sera de savoir si cette relation vaut la peine d'être entretenue et si l'énergie requis pour rebâtir la confiance et le respect en vaut la chandelle. Dans le cadre du travail, il suffit minimalement d'entretenir une relation professionnelle pour continuer de travailler dans ce milieu. Nous n'avons pas besoin d'être des amis ou des confidents, mais sommes-nous capable de tracer la ligne pour être tout de même en mesure de travailler ensemble ? N'hésitez pas à aller chercher de l'aide auprès des ressources humaines ou des relations au travail afin de savoir comment naviguer à travers cela.
La troisième chose sera de ne prendre que ce qui vous appartient. Quand cette personne a haussé le ton pour presque crié après moi (incivilité), je n'ai pas encaissé sa réaction comme étant ma faute, mais comme un reflet de qui elle est. Sa réaction m'a montré certaines fragilités, cette discussion est devenue personnelle plutôt que de rester sur le plan professionnel. J'ai eu l'impression de l'insulter personnellement alors que je présentais une vision du travail qui diffère de la sienne. J'ai quand même passé en revue la discussion pour prendre ma part de responsabilité, mais en aucune circonstance, je suis responsable de sa réaction.
D'être capable de tracer la ligne et de ne prendre que sa part de responsabilité est un long et difficile apprentissage, mais il en vaut la chandelle.